Encore une fois, c'était le flou total dans les pensées d'Hanae. Cette plage, le goût des noix de cocos qui lui restait dans la bouche, le corps de Suppling qui git sur le sable, les mauvais souvenirs qui avaient refait surface et l'arrivé des chercheurs de cartes. Tout ça lui revenait très doucement. Elle serait les yeux et les mains...toutefois, même si elle n'y voyait rien elle avait une étrange sensation de...vide. C'était troublant. Elle avait l'impression d'avoir été adresser la parole à Walter et Natsumi, pourtant, au même moment d'autres images s'interposaient entre les visages des deux affaiblis revenus de la forêt. Le noir total et une voix. Une voix bien trop familière qui lui chuchotait à l'oreille:

" C'est balot, on est presque une vingtaine et on a que quelques crabes. Tu devrais aller en chercher d'autre. N'est-ce pas? Onee-chan...*"

Les regards de l’adolescente et l'autre garçon tout juste revenu de leur exploration, encore le corps de Suppling, la mer.

"Onee-chan, j'ai faim..."

Elle se levait en voyant Natsumi chuter, mais ses pas ne se dirigeaient pas vers elle. Non, elle allait sur le bord de l'eau. Déjà, plusieurs crustacés se montraient bien joueurs et tentaient de l'effrayer en lui pinçant les mollets. Oh, c'était douloureux mais rien de grave, une petite blessure qui se soigne aussi vite qu'elle se fait.

"Onee-chan, fais vite! "

Récupérant la branche qu'elle avait utilisé plus tôt avec Sekai, elle retourna sur le bord de l'eau. Tiens? Plus un crabe n'était là. Curieux. Elle s'approcha de la légère vague qui montait et redescendait sur le sable frais de l'ile maintenant éclairée par les simples rayons d'une lune plutôt peu rassurante. Elle posa un premier pied dans l'eau qu'elle jugea tiède. Peut-être s'étaient-ils réfugiés dans l'eau? Elle avança son deuxième pied. Puis...alors qu'elle allait faire un troisième pas, elle sentit deux mains agripper fermement à son dos pour finalement la pousser dans l'eau. Prise par surprise elle était tombée avec le visage sous l'eau et avait lâchée la piètre arme qui lui servait de défense. Puis là, elle se souvient d'avoir vu une pince, juste devant ses yeux, d'avoir ressentit une douleur atroce à la quasi totalité de son corps et, incapable de se sauver à cause de cette dernière, d'avoir finalement aperçue une marrée rouge. Son propre sang, c'était ça sa dernière vision. Cette dernière image flou. Et, l'instant ou sa tête fut sorti de l'eau et que sa voix ne put s'échapper, elle se souvient d'une silhouette noire et floue. Impossible de savoir si c'était un homme ou une femme...mais elle savait que c'était la personne qui l'avait poussé. Puis à nouveau la marrée rouge et cette atroce douleur. Et enfin...plus rien.

"Gomenasai, Onee-Chan... "

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"MAKKA!"

Elle s'était écriée en se levant et en ouvrant ses yeux de toute leur grandeur. Cette voix, celle de sa sœur continuait de lui résonner dans la tête, s'excusant continuellement de façon injustifiée. C'était insupportable, pire même que les centaines de coups de pinces qu'elle avait pu se prendre. Des centaines? Se remémorant la marrée de sang, elle se dit qu'il était impensable qu'elle est put survivre à une telle attaque. D'ailleurs, où était-elle? Elle observa la pierre qui l'entourait, puis compris bien vite que c'était ni sa soeur, ni qui que ce soit d'autre qui l'avait menée ici. Une grotte! Qui aurait trainé un corps en lambeaux de la plage jusqu'à une grotte en prenant le temps de traverser une forêt qui visiblement était plus dangereuse encore qu'elle en avait l'air? Hum...j'ai un léger doute, me direz-vous? Personne ferait ça, personne. Surtout pas pour une inconnue.

Enfin à peu près prête à comprendre, elle ouvrit les yeux et tendit sa main devant elle. Bingo, elle avait bien deviné. Elle était passée au même état que Sir William, prise sur cette île pour l'éternité. Elle se mit à pleurer en anticipant maintenant tout ce que cela engendrait. Makka, qui avait à peine dix-huit ans se retrouvait orpheline. Leur père ne la reprendrait pas même si on l'y forçait sous prétexte qu'elle ressemble trop à leur mère. Elle devrait soit vivre à la dure, soit aller en famille d’accueil avec des gens qui bien vite en auront marre de sa personnalité et la jetteront. L'histoire se répéterai sans cesse parce que la cadette n'est pas capable de vivre d'elle même. Du moins c'est ce qu'Hana avait eut la mauvaise idée de se rentrer en tête. Ses larmes coulaient le long de ses joues et disparaissaient dès qu'elles arrivait à la fin de son visage. Ses cheveux étaient comme ils l'étaient toujours, libres comme l'air et rose comme une fleur. Ses vêtements n'étaient plus les mêmes, elle portait maintenant une petite robe blanche, toute simplette mais jolie. Le genre de robe qu'elle n'aurait porté que si Makka l'y forçait. Soupirant, elle essuya le semblant de larmes sur son visage et se dirigea vers la sortie en flottant...chose qui lui semblait très étrange malgré sa nouvelle nature.

Cela venait de lui revenir, il y avait bien une personne assez folle pour trainer son cadavre sur cette île. Sekai. Elle devait absolument la rejoindre et l'en empêcher si elle le pouvait. L'adolescente devait penser à sa vie avant de penser à lui offrir un repos éternel dans le confort, mais même si elle ne la connaissait pas depuis bien longtemps elle se doutait que l'autre avait certainement déjà prit la route, en pleine nuit dans la forêt pour trouver le bon endroit. Effrayée à l'idée qu'on se mette en danger pour son cadavre, elle pressa le "pas" et s'enfonça dans la grande étendue mystérieuse...