Arkeine se réveilla, comme d'habitude après sa sieste, enfin c'est ce qu'il croyait avant de se rendre compte qu'il n'était pas dans son lit. Il était assis sur un escalier adossé contre la rambarde.
"Où était-il?", "Quelle heure était-il?", tant de question qu'il se demanda, mais une seule lui importait : "Pourquoi faisait-il si noir?"

-Olala je commence à avoir Alzheimer moi !! Y a-t-il quelqu'un qui voudrait bien rallumer cette fichue lumière pour qu'on puisse y voir un peu, nom de dieu !!!

Il se leva péniblement, plein de courbature, dû à cette posture qu'il avait eu, "pendant combien de temps avait-il dormit d'abord, 1 heure, 2 heures voir plus peut-être?". Il attrapa sa canne et descendit les quelques marches avant d'essayer de se rappeler où il était.

La mémoire commença à lui revenir petit à petit. A oui la sortie du jeu vidéo !!! Il se rappela d'être venu au centre commercial tester la sortie de l'extension du jeu avec quelques jeunes qu'il avait rencontré via ce jeu. "D'ailleurs où étaient-ils ces jeunes?"
Ils s'étaient donné rendez-vous durant la matinée puis avaient passé la journée ensemble. Seulement il ne se rappelait pas d'être rentré chez lui, ce qu'il lui semblait bizarre. La dernière chose qu'il se rappelait, c'était d'être allé se soulager durant une pause qu'ils avaient fait, et puis.... et puis .....et puis plus rien, il ne s'en rappelait plus.

Il regarda tout autour de lui, pour essayer de distinguer quelques chose, mais ceci était impossible dans toute cette obscurité.

-Bon fini de jouer !! Est-ce quelqu'un veut bien me répondre s'il vous plaît ? Cette plaisanterie a assez duré, et ne m'amuse guère !!!

Et il attendit en bas de l'escalier se reposant sur sa canne.

Avant de commencer à jouer à ce jeu, enfermé dans sa chambre sombre, derrière son écran, il n’aurait jamais imaginé sortir avec plaisir. Ca n’avait jamais été une personne sociable mais ce serveur internet lui avait permis de créer des liens avec l’extérieur. La communication lui semblait sûrement plus simple ainsi, un peu masqué à travers les réseaux. Ainsi, il avait retrouvé la charmante équipe de joueurs, tous gazouillant en allant acheter cette nouvelle extension, l’après-midi se passe, tout le petit groupe reste ensemble.

Et puis, lorsqu’il se réveilla il était seul.

Il n’y avait pas de transition entre sa solitude et le moment où il était encore accompagné. Rien, le trou noir, noir comme l’endroit où il se trouvait. Un noir opaque, rien à voir avec les rues la nuit, toujours éclairées par l’espoir d’une lune ou d’un reverbère. Ce n’était pas non plus le noir de sa chambre où il se renfermait, sauvage, éclairée par l’extérieur et la lueur blafarde de l’ordinateur.

D’ailleurs, Mel avait froid, ce n’était pas le noir qui le choquait tant réalisait-il en reprenant tant bien que mal ses esprits. Ce n’était pas le noir qui lui pénétrait les os, qui collait ses vêtements à sa peau, qui lui donnait cette étrange impression. Non, il fallait se rendre à l’évidence, il était tout à fait mouillé. Bouger un bras devenait une épreuve : son sweat était devenu extrêmement lourd, trempé. Il le retira, laissant son T-shirt collé à son corps. Il grimaça, engourdi, endolori, glacé, trempé. Cependant, il n’osait pas bouger. Tout semblait suspendu dans le temps, sans bruit aucun et rien de visible. Perdu de tous repères. Qu’était-ce donc cet espace d’eau où il était pris ?

Toujours, sur le qui-vive attendant le signe d’une autre présence. Ou de quoi que ce soit. Un signe, juste ça. Et puis, comme un mouvement, un grognement, au loin. Des pas ? Avancer dans une obscurité pareille, au risque de tomber ? De tomber… Dans l’eau ? Le pauvre adolescent n’y comprenait plus rien.

Et puis, en effet, il y avait bien quelqu’un pour lui tenir compagnie, si on peut dire, d’ailleurs, la personne s’exprima.
Ce serait mentir de dire que Mel n’était pas complètement sonné. « Heu… » Malgré la probable douche à laquelle il eut droit, sans pour autant mourir noyer, il n'était pas très reveillé.
« Moi, je suis là ! Mais je ne m’amuse pas non plus… »
Sa voix retomba dans l’obscurité, il était méfiant, désorienté, il n’avait pas reconnu Arkeine.

- A enfin quelqu'un qui répond, c'est pas trop tôt !! Où êtes-vous ?

Arkeine se rapprocha de la zone d'où il avait entendu la personne s'exprimer. Tout en s'aidant de sa canne -comme le ferais un aveugle- il balayait le sol devant lui pour éviter de trébucher sur d'éventuels obstacles.
Arkeine avançait lentement mais il arriva enfin au centre de la pièce où il trouva une fontaine. "Une fontaine?", arkeine resta figé quelques instants, cette fontaine lui rappelait un endroit qu'il avait visité récemment. Vu son âge, arkeine ne se déplaçait que très peu et que quand s'était important, il ne lui fallut donc pas longtemps pour se remémorer les lieux où il était aller dernièrement.
Une image, une seule petite image lui traversa l'esprit, un magasin rempli de monde avec en son centre une fontaine, un magasin qu'il connaissait très bien : Le centre commercial !!!
Arkeine regarda autour de lui, avec cette obscurité il n'y voyait toujours rien mais il s'imaginait bien le centre commercial. Un bruit devant lui le ramena à la réalité. Il s'approcha du bord de la fontaine, et il trouva un Mel sonné et surtout tout mouillé.

- Et bien fiston, tu crois que c'est le moment de prendre sa douche? Allez réveille toi, il faut trouver un moyen de sortir d'ici. En commençant déjà à rallumer cette fichu lumière. Tu ne saurez pas par hasard où est l'interrupteur?

Un bruit se fit entendre part la droite, s'était le bruit d'un porte qui se refermait. Arkeine tourna la tête et il remarqua qu'un petit point rouge venait d'apparaître non loin d'où se trouvait Arkeine et Mel.

- Ne fait plus de bruit gamin, je crois que nous avons de la compagnie.

Cherry n'avait jamais eu peur du noir. Une chance pour lui, vu la situation où il se trouvait. Il soupira, légèrement agacé tout de même. Ça n'allait pas être facile pour avancer. Il était sûr qu'il allait finir par shooter dans quelque chose. Et ça risquer probablement de lui de lui faire mal si ça arrivait. Le jeune homme observa, quelque peu distrait, le bout de sa cigarette. Cette dernière, qu'il ne pouvait s'empêcher d'agiter, ressemblait à une petite luciole rouge qui brillerait dans l'obscurité. Le jeune homme sourit, amusé par cette comparaison. Il tira une nouvelle taffe, qu'il expira très lentement. Puis il se mit en route, droit devant lui, apparemment bien décidé à prendre cette direction et pas une autre.
Pourquoi? Hum... qui sait? L'instinct masculin peut être? Ha non, ce n'était pas ça. Ça lui revenait maintenant. Il était à peu prés certain d'avoir entendu un éclat de voix venant de là-bas. Mais ça pouvait être aussi bien son imagination ou autre chose. Un ours par exemple... Un ours? Heu non, ça c'était pas possible. Au pire, il s'en fichait pas mal. Tant qu'il bougeait c'était le principal.
Cherry était, comme d'habitude, parti dans ses réflexions intérieures qui n'avaient ni queue ni tête. Se qui l'empêcha - bon d'accord. Le manque de lumière y était aussi pour quelque chose. - d'esquiver ce qu'il se prit en pleine tête. Un mur ou un pilier, il ne savait pas trop. Tout ce que Cherry savait, c'était que ça piquait un peu quand même.

• -Aie.

Hein, hein. Une main posée sur le front, l'autre tenant la clope -oui, oui, qu'importe les circonstances, on NE lâche PAS une cigarette. - l'air ailleurs, il semblait effectivement souffrir le martyre. Légèrement déstabilisé, il tenta de contourner l'obstacle par la droite en s'appuyant dessus pour essayer de le visualiser, fit quelques pas de plus et percuta à nouveau quelque chose. Quelque chose de plus souple, qui tangua quand Cherry lui rentra dedans, quelque chose qui dû étouffer un juron, quelque chose qui respirait. Quelqu'un en somme.

• - Deuxième Aie.

Le martyre, je vous dis. Ça se voyait qu'il avait mal le pauvre chéri. Le jeune homme, assez interloqué, récupéra instinctivement sa politesse. Il se trouvait en face de quelqu'un après tout.

• -Ha, excusez moi.

Et mais... attendez! Qu'est qui lui disait qu'il ne se trouvait pas en face d'un zombie, hein? Pas qu'il est peur. En fait, comme pour tout il s'en foutait, mais c'est vrai que c'était toujours intéressant de savoir à qui on parlait, non?

• -Hum... Zombie?.

-Qui traite-tu de zombie espèce d'avorton !!!!! J'ai beau avoir 89 ans, je n'ai pas encore un pied dans la tombe à que je sache, c'est moi qui te le dit !!

Arkeine s'aidant tant bien que mal à se remettre debout grâce à sa canne et au rebord de la fontaine, s'avança près de la personne qui venait de le percuter. Il pointa sa canne sur la personne qui était toujours allongé.

-Dit donc petit, il te serve à quoi tes mains à part à tenir ta satanée clope. La prochaine fois que tu me percute, moi un pauvre vieillard, je te promet que tu vas tâter de ma canne !!!

Il approcha sa tête vers ce petit effronté qui l'avais traité de zombie un peu plus tôt, et il pu distinguer un visage familier grâce à la petite lumière que fournissait la cigarette, ce n'était rien d'autre que le jeune extraverti de Cherry bloom.

-Pffff ce n'est que toi, et Mel réveille toi un peu, y a l'avorton de Cherry qui est venu nous tenir compagnie dans notre merveilleuse soirée au centre commerciale.


Arkeine se redressa, et regarda autour de soi, qu'est qu'il cherchait exactement il ne le savais pas, jusqu'au moment où un vacarme se fit entendre non loin de là. On aurait dit que quelqu'un s'acharnait sur une porte au bruit que sa fessait.


- Et beh les jeunes, j'ai bien l'impression qu'on va retrouver notre petite bande dans ce centre commerciale.

« Je suis, heu… »
L’utilité de la réponse n’est pas a préciser.

Une personne était avec lui, près d’ici, près de l’eau, et approchait. Il entendit des pas, lents, tellement lent que ça en était suspect, et de drôles de bruits aussi, comme si un objet frôlé le parquet à chaque mouvement. ‘’Ca’’ avait parlait, donc c’était humain, et visiblement, pas heureux d’être là, mais le bruit de la marche lui semblait singulier.
C’est lorsque le vieil homme arriva à son niveau et se mit à lui parler qu’il le reconnu, et qu’il reprit un peu plus ses esprits. Trouvant enfin normal les pas lents, et le bruit suspect qui n’était rien d’autre que sa canne. Ce gars là n’était pas fidèle à son âge, plutôt énergique pour un vieillard et plein d’entrain.

Mel, comprenant finalement qu’il était dans une fontaine, allait répondre, se lever, et tenter de se dépêtrer de là mais Arkeine le coupa net, méfiant, il avait bel et bien entendu un bruit. Pas notre Mel dont les oreilles avaient pris l’eau. Il tourna la tête espérant y voir quelque chose, et, en effet, dans cette zone de noir total, lorsque l’arrivant tira une taffe, une vive lumière rouge, fugitive, se dessina dans le néant. Il était rassurant de voir que la personne était capable de ressentir la douleur, prononçant plusieurs « aie ». Et enfin, il arrêta les onomatopées, mais cela ne fut pas très élogieux pour Arkeine qui réagit au quart de tour.

Il était rassurant de voir qu’il y avait des ados aussi paumés que Mel dans cette situation, en revanche, le doyen, lui, semblait en pleine forme, l’ironie du sort, sans doute. Ces dernières menaces achevèrent (on l’espère) de réveiller Mel, qui, sous les ordres d’Arkeine se leva tant bien que mal, provoquant des remous incroyables dans la fontaine, trébuchant sur le rebord, mais finissant, grâce à un miracle maladroit, sur le sol, le vrai. C’est de peu qu’il ne fut pas surpris de ne plus être au contact de l’eau.

Pendant qu’un bruit répétitif et sonore se faisait entendre, Mel repris son gros sweat tout trempé et le remit, ainsi, masquant avec efficacité son corps. Le vieux semblait bien décidé à partir à l’aventure.
« Qui te dis que c’est quelqu’un d’autre de la bande ? »
S’enquit-il, l’air bravache, alors que ce n’était que de l’inquiétude. Il espérait au moins que Cherry soit aussi peu convaincu que lui par l’aventure, pourtant, s’il était arrivé jusqu’ici, c’est qu’il avait l’âme téméraire. Mel soupira. Tout ça ne l’arrangeait pas.

Spoiler:

La colère du grand père glissa sur Cherry comme l'aurait fait la pluie. Sans trouver d'accroche, sans le préoccuper. Elle ne suscita aucune réaction chez le jeune homme, pas plus que les multiples "Avorton" répétés à son intention. Cherry avait vaguement compris que son interlocuteur n'était pas un zombie et vaguement reconnu Arkeine. Il avait écouté distraitement ses propos - 89 ans! La vache, il s'accrochait l'ancien! - piochant de trois brides d'information au hasard - Tiens Mel aussi était là? Cool. Ha ? Il allait leur tenir compagnie? Pas au courant. - mais en fait il avait encore l'esprit ailleurs. Il venait tout juste d'éteindre sa clope en l'écrasant du bout du pied qu'il farfouillait déjà dans ses poches en quête de son paquet. Lorsqu’il finit par mettre la main dessus – mais qu’est-ce qu’il foutait là ? - il en sortit une cigarette qu’il glissa entre ses lèvres.
Il ne sursauta absolument pas lorsque du vacarme résonna au loin, tout occupé qu’il était à chercher son briquet. C’était sans doute quelqu’un de la bande ? Ok, cool, c’était bien ça. Où était donc ce fichu feu ? C’était peut-être pas quelqu’un de la bande ? Cherry releva la tête un instant vers ce qu’il supposait être Mel. Ha ? Il avait pas tord lui et c’était tout de suite moins cool ça. Puis il referma ses doigts sur le petit objet en métal – ha ! Il était donc dans la poche arrière du jean celui-là ! – et détourna la tête avec un sourire. Il entreprit d’allumer la cigarette et d'en tirer une bouffée.
Hum…

-Et dites … c’est peut-être une des filles ?

Cherry sentit son côté dragueur revenir au grand galop. C’était peut-être un monstre, un zombie, un vieux qui hurlait ou un jeune paumé qui se cachait là-bas dans le noir. Cherry ne savait pas – et il s’en foutait. Mais s’il n’y avait ne serait-ce qu’une chance sur dix mille que ce soit l’une des filles de la bande alors ils se devaient d’y aller. Laisser une demoiselle en détresse ? Ha ça, jamais !

-Bon, on y va ?

Le jeune homme commença à se diriger dans cette direction sans se préoccuper réellement de l’avais des autres.

Arkeine regarda Cherry s'en aller sans même les attendre.

-Tu as bien raison Bloom, passe devant.

Arkeine préférait que, si il y avait des obstacles sur le chemin, que ce soit Cherry qui se les prenne plutôt que lui. Il redressa son chapeau, puis regarda une dernière fois autour de lui pour voir si il n'avais pas rater un élément dans cette pièce sombre, mais à part cette obscurité il n'y voyait toujours rien d'autre. - Il faudra s'occuper de rallumer cette foutu lumière.

- Allez debout Mel, il ne faudrait pas que l'autre avorton nous sème.

Puis il parti dans la direction que Cherry venait d'emprunter.

Et v’la qu’ils étaient bien pressé de partir ces deux là !

Bloom fumait cigarette sur cigarette, provoquant une lueur trop vive dans cette obscurité ambiante. De quoi brûler les yeux, comme un phare au milieu de la mer sombre et tourmentée.
Mémo : piquer une cigarette à Cherry.
Très enthousiastes de partir à l’aventures ils le laissèrent derrière. Toujours un peu étourdi (on est paumé ou on ne l’est pas) il sauta sur ses pieds et trottina jusqu’à leur hauteur. Il se taisait mais était persuadé que ce n’était pas une jolie minette enfermée quelque part là bas au loin. Plutôt un gros monstre pas beau près à les dévorer.

Bon. Peut-être pas.
Il suivait les deux téméraires. « Dis, Cherry, tu me filerais une clope ? »
Autant penser à autre chose d’autrement plus agréable.

Cherry se rapprochait de plus en plus du lieu d'où le bruit provenait. Et il aurait mis sa main à couper que la voix qu'il entendait était celle d'une fille. Il avait l'oreille pour ça. Il avait bien compris le petit manège du grand père : se placer derrière lui pour qu'il fasse l'éclaireur et se prenne les obstacles à sa place. Mais en fait, il s'en moquait, tant qu'il allait aider la demoiselle. Il se prit effectivement deux trois trucs dans les pieds - banc, rebord, pilier - mais il n'en eut cure.
Il ralentit le pas un instant. Mel lui avait parlé non?

-Hein? Une cigarette? Ouai, bien sûr.

Cherry chercha un instant son paquet, l'ouvrit et le tendit avec son briquet à Mel pour qu'il en prenne une. Le jeune homme n'avais jamais était radin quand il s'agissait de clope. Et il reconnaissait que dans cette situation, certains avait besoin de passer leur nerfs sur autre chose. Il en profita pour tirer une latte de la sienne de son autre main.