Adam avait marché en silence dans l'obscur corridor en compagnie de son compagnon d'exploration, car comme ils le savaient tous il fallait sortir d'ici. La porte principale étant fermée à clef et trop lourde pour pouvoir l'enfoncer, il leur faudrait trouver une autre sortie. L'exploration du manoir était donc des plus logiques.
Le garçon se déhanchait tant bien que mal, traînant l'individu aux cheveux blancs derrière lui en s'efforçant de rester indifférent; l'anglais n'avait pas l'habitude d'entrer en contact avec les autres, et les prendre par la main lui demandait un grand effort supplémentaire. Son visage était teinté de rouge, mais il ne pouvait pas tenter de le camoufler, craignant d'être infidèle à son rôle et ainsi terminer comme le cadavre déchiqueté dans la grande salle...
Les deux garçons arrivèrent donc finalement devant l'une des portes de la maison après un temps qui parut infiniment long à Adam.
- Oh, j'oubliais, je suis Victor Plum !
Han, super, les présentations ! C'était ce que redoutait Adam depuis le tout début. Comment se présenter sous le nom d'une femme ?
- Et moi... Diane White, fit-il d'une timide voix à peine audible, prononçant le prénom encore plus rapidement et faiblement que le reste de la phrase, rendant celui-ci presque incompréhensible.
Sur ce, ce "Victor" empoigna la main gauche d'Adam avant de l'entraîner à l'intérieur de la pièce.

C'est une salle encore plus sombre que le couloir qui s'ouvrir devant eux et évidemment il était impossible d'allumer la lumière - ça aurait été trop facile -. Une table de billard avait été placée au centre le la pièce, les boules encore sur le tissu vert, la partie non terminée. Une odeur désagréable régnait aussi dans la salle, une odeur de... sang ?
Oubliant un peu sa timidité pour laisser place à l'angoisse, Adam resserra sa main sur celle de Plum en avançant à tâtons dans la noirceur. On pouvait distinguer un jeu de fléchettes, des plantes à première vue mortes... et un fusil ?
- Là... fit le jeune garçon en pointant l'objet sans oser s'en approcher, comme si l'arme exploserait à son seul contact.
Inquiet, Adam continuait à explorer la pièce, la main dans celle de son compagnon, avant d'apercevoir une forme étrange sur une petite table, sous la fenêtre à barreaux. S'en approchant, il découvrit vite avec horreur qu'il s'agissait de la source de l'odeur désagréable: une main tranchée était disposée sur la table circulaire.
- Haa... Haaa... fit Adam en reculant, s'accrochant au bras de Victor, son unique bouée de sauvetage.

- On va éviter de regarder ça … J'ai pas envie que tu fasses un malaise, ou quelque chose comme ça...
Visiblement, Adam n'était pas seul à être mal à l'aise, disons qu'il le manifestait d'une façon plus voyante que son compagnon. L'adolescent monta donc encore un peu le son de sa musique, se concentrant sur le visage de Victor Plum, évitant de penser à autre chose.
Le jeune garçon qui le soutenait était plutôt beau d'ailleurs, son visage était fin et pâle mais ses yeux turquoises lui faisaient de l'ombre tant ils étaient étincelants. Ces pensées firent rougir Adam de nouveau, il commençait à bien assimiler son rôle s'il examinait l'autre avec autant.. d'envie ? Sur ce, il baissa les yeux, fixant timidement ses pieds, se concentrant sur le contact de leurs mains.
Malheureusement, cette petite dose de bonheur lui faisant oublier le reste ne dura pas très longtemps, et Victor lâcha sa prise pour ramasser l'arme argentée sur le sol, l'insérant dans sa poche. Pouvait-on mettre un pistolet dans sa poche ? Ne risquait-il pas de s'enclencher n'importe quand ? Enfin, de tout façon, Adam n'allait pas lui dire comment ranger son pistolet. Tant qu'ils l'avaient, ils pouvaient se défendre contre un possible meurtrier - enfin, Victor pourrait le faire, mais de toute façon il doutait que celui-ci soit un tueur et en tant que Diane White, Adam se serait mal vu se servir d'un fusil... -.
Sitôt parti, sitôt revenu, Plum plongea son regard dans celui d'Adam qui s'y perdit immédiatement, sans vraiment comprendre mais profitant du moment.
- Oh, c'est marrant ce tatouage en forme de code-barre, dit-il alors en bisant le silence, pointant de sa main droite le côté gauche du cou d'Adam.
- Un code-barre ? répondit alors Adam inquiet, posant sa main sur l'endroit que lui montrait son "ami" sans détacher ses yeux du regard hypnotisant de son compagnon. Là ?
Sa peau était un peu plus rugueuse à cet endroit, avait-il vraiment un tatouage ?... Si c'était le cas, quand lui avait-on fait ? Il n'était pas allé se faire lui-même cette horreur, ça, c'était sûr. Décidément, cet endroit était trop inquiétant.
- Il faut sortir de ce manoir, déclara Adam, reprenant un peu son courage, glissant à nouveau sa main dans celle de Plum inconsciemment.
Cependant, après cette déclaration, le pauvre adolescent ne bougea pas; un mélange de peur de quitter la salle où il n'y avait rien qui les menaçaient réellement et la crainte de briser la complicité fragile qui régnait entre les deux individus.

- Ce manoir nécessite une exploration et bien que certains d'entre-nous aient décidé de partir de leur côté, il ne faudrait pas manquer à se désorganiser. Ainsi, je vous propose de partir en groupes, cela est la meilleurs chose à faire afin de rendre l'exploration belle et bien effective.
De l'autre côté de la porte entrouverte de la salle de billard, on entendait les autres invités s'organiser. Ceux-ci faisaient des groupes pour explorer le manoir comme le faisaient actuellement Adam et Victor, ce qui n'était pas idiot. En petits groupes, ils iraient plus vite et regagneraient ainsi rapidement leur chez-eux. Enfin, c'est ce qu'espérait Adam bien que la chaleur et l'odeur réconfortante de son compagnon lui donnait envie de rester encore un peu à ses côtés.
- Alors, heu... On continue ensemble ? fit l'adolescent en regardant ses pieds, les joues brûlantes, resserrant la main de Plum en redoutant une réponse négative. Bon sang, que lui arrivait-il ? Ça ne lui ressemblait pas, lui qui était habituellement si indifférent, du genre à passer outre toute chose.
Relevant la tête, se souvenant soudainement qu'il ne devait surtout pas oublier de jouer ce fichu rôle de Diane White, Adam fixa un regard sévère droit devant lui, sur la porte à moitié fermée par laquelle il était entré.
- Et puis, tu, vous ne pourriez pas refuser ma compagnie. J'ai fait de grande chose vous savez ? J'ai... Passé à la télévision.
Le petit cœur d'Adam battait un peu trop fort dans sa poitrine. Au final, c'était ce rôle qui le ferait mourir pour dose de stress trop élevée et non une quelconque attaque de lapins carnivores.
La vision du cadavre et de la main tranchée lui revint alors et le pauvre garçon passa son deuxième bras autour de celui de Plum en frémissant, mais en s'efforçant de garder l'air sérieux et arrogant qu'aurait adopté Mme. White. Serrant les dents, il attendait la réponse de son partenaire, se voyant mal explorer le manoir avec un quelqu'un d'autre que lui.

[HRP : Comme tu as pu le constater, j'ai étoffer un peu. ~ Et cette fois réponds sale.. sale chokeur de CB T-T]

La tête de nouveau inclinée vers le sol, les yeux d'Adam étaient figés sur la main qu'il serrait plus ou moins fort depuis un bon moment déjà. Se concentrer sur n'importe quel élément sans penser à rien d'autre était la meilleure astuce qu'il avait trouvé pour passer outre l'action qui se passait. Ici, c'était la gêne que le garçon tentait de chasser.
- Bien sûr que je pourrai pas refuser votre compagnie ! Et je me demande quelle genre de grande chose peuvent mériter de passer à la télé !
Une réponse.
Au son de la voix de son compagnon, Adam se raidit. Oui, Victor avait accepté de continuer avec lui dans la quête de la sortie, mais quelque chose clochait, quelque chose sonnait faux. Cette réplique, elle ne paraissait pas naturelle, ironique. Est-ce qu'Adam imposait sa présence ? La main de l'adolescent relâchait peu à peu celle de son "ami", honteux d'avoir agit ainsi, espérant tout de même ne pas avoir trop exagéré. Voir Plum accompagner quelqu'un d'autre à cause de son comportement serait probablement douloureux...
- Mmh. Mmh.
Le garçon n'avait pas particulièrement envie de se lancer dans les grands discours façon Mme. White, mais le danger semblait le guetter partout et les paroles qu'avait prononcé son partenaire l’obligeaient à le faire.
- J'ai.. vite, il fallait trouver quelque chose ! J'ai participé à des jeux télévisés, étant jeune. J'étais très douée, finit-il en lançant un regard implorant vers son camarade, le suppliant silencieusement de cesser les questions de ce genre. Moins il jouerait, plus il se sentirait mieux.

Sur ce, Victor Plum resserra son emprise sur la main d'Adam pour le tirer vers la sortie, loin de cette affreuse odeur et du membre tranché.

[ Direction la grande salle ]

[ Merci Alex je t'aaaaiiimee ! ♥ >< ]

Éléonore passa la tête à son tour dans la salle. Elle était vraiment peu éclairée, ainsi on ne voyait pas grand chose, alors elle se décida à laisser la porte ouverte, de sorte de gagner de la lumière. Au centre, elle pu distinguer le billard. C'est ce qu'elle vit d'abord. Ainsi, elle s'en approcha, et observa les lieux : les boules étaient dessus, comme si personne n'avait entamé la partie. Cela dit, elle ne voyait pas les bâtons de bois. Quelqu'un les avait-il cachés ? Afin de les trouver, elle fit le tour de la pièce : elle rencontra donc un pot de fleurs fanés, dont elle fouilla le contenu ; un autre pot de fleur fané, dont elle fouilla encore le contenu, avant de tomber sur une petite table. Il n'y avait rien dessus. A ses cotés se trouvait Mademoiselle Rose, qui riait aux grand éclats. A ses pieds, en baissant les yeux, elle put voit une main à cinq doigts, lui faisant... un fuck ? Éléonore pencha la tête, regardant cette chose avec dégoût, d'abord.

« Oh chère ! Pardonnez moi cette blague douteuse mais avouez qu'ainsi cette main est beaucoup moins effrayante ! »

Éléonore reporta son attention sur la main, en essayant d'y apporter un tout autre regard.

" Oui... disons ça comme ça. Mais quelle puanteur, c'est insoutenable ! "

Elle se pocha en avant, et observa la main. De sa propre main droite, elle sortit son poignard, et du bout de la lame, toucha le membre mort. Il lui fallait voir à quoi ça servait, après tout, elle n'était pas là pour rien. Si quelqu'un avait disposé là une main, c'était pour une raison : effrayer, c'était entièrement plausible, et même la première raison.

Éléonore se redressa, et lança un regard à son amie.

" Voilà qui nous avance bien : nous avons une table de billard, mais pas de queue. "

Elle avança d'un pas, puis de deux, et ainsi de suite pour continuer la visite. Quelque part se trouvait un jeu de fléchettes : une seule fléchette plantée au centre : ça ne pouvait donc pas être un coup de chance. Encore quelque chose d"étrange, qu'il lui fallait tâter du doigt. Elle s'approcha donc de la fléchette, et la prit dans ses mains. Un coup sec, et elle tira la flèche vers elle, la retirant de son socle. Ainsi fait, elle continua son tour : elle revint à sa place initiale, après être tombée sur de nombreux pots de fleurs contenant tous des fleurs fanées ; la table de billard.

" Ahh, le vieux devait avoir très mauvais goût, pour ainsi décorer ses lieux de plantes mortes. A moins que ce ne soit une fâcheuse mascarade pour le jeu de rôle, qu'en dites-vous ? "

Éléonore de posta devant la table de billard, et observa les boules. Toutes étaient positionnées à la place sur laquelle elles devaient être, et n'avaient pas bougé - apparemment -. Éléonore en prit une, et jugea bon de jouer avec. Elle en lança une sur le sol, et la fit rouler jusqu'à un pot de fleur qui se brisa en mille morceaux. Les goss de riche, ça a toujours la manie de tout casser. Elle rit de son délire, et continua ainsi de suite. Une fois qu'il n'eut plus eu de boules, elle passa ses mains dans chacun des trous de la table, afin d'y fouiller le contenu.

Si fait, elle avait finit de jouer. Et si elles se faisaient un bowling ?

" Très chère amie, un bowling vous tenterait ? "

Miss Peacock, car il s'agissait bien de Miss Peacock, et non pas de Soleyne, avait terminé de saccager la pièce. Apparemment, Miss Rose ne voulait pas participer, mais simplement jouer au billard ? Hum... Miss Peack se rapprocha de la table, et regarda la miss lancer sa boule. Pas fameux, son lancé, mais si elle se rappelait bien, elles avaient toute deux eu envie de sortir de cette pièce qui n'avait rien d'extraordinaire. Aussi, elle prit la boule qui se trouvait au milieu du terrain, regarda la Miss Rose un instant, et d'un seul coup, sans prévenir, se mit à marteler la surface herbeuse du tapis du billard avec la boule. Plusieurs coups assez forts qui pourraient faire rameuter tout le quartier, mais elle continua de taper, son objectif étant de percer le billard pour de bon, afin de sortir d'ici. Il lui fallait voir les autres pièces. Rester ici, c'était déjà trop. Il fallait sortir.

Paf, paf, paf. Le trou se creusait petit à petit, et enfin, Miss Peack fut satisfaite : son bras passa au travers. Elle avait creusé son trou. La boule était lourde au bout de sa main. Elle la lâcha, entendit le bruit de l'objet tomber contre la surface meublée d'en dessous, rouler, rouler jusque s'arrêter contre la première planche interne qui lui bloquerait le passage, et enfin cesser tout bruit. Maintenant, plus personne ne pourrait jouer à ce billard. Elle avait cassé toute la salle du vieux, et en était bien contente. Elle tira un coup sur son bras, bloqué dans le trou. Son expression changea en un éclair, et passa du narquois au paniqué. Elle ne pouvait plus sortir sa main de là. Une vague expression de fureur traversa ses yeux. Elle tira un grand coup, poussa, gémit, et en un coup sec mais trop violent pour elle, elle sortit son bras de là en se raclant la peau jusqu'à sang.

Elle porta son bras à ses yeux, et le regarda un instant, comme si elle ne comprenait pas ce qui venait de se produire. Jusqu'à ce qu'une larme vienne trahir sa souffrance qu'elle tentait de cacher. Puis une autre. Bordel qu'elle avait mal. Sa main et l'avant de son bras étaient écorchés, couverts de sang, et ça la brûlait comme jamais.

" Ah bordel de merde, ça fait mal !!! "

Elle secoua son bras, le tordit, le bloqua entre ses jambes, mais rien n'y fit, la douleur était encore insupportable. Pis, ça ne partait pas. Elle pleurait de vraies larmes, et il était dur de savoir si c'était Soleyne ou Miss Peackcock qui réagissait. Les mots infâmes ne venaient pas de Soleyne, mais bel et bien du personnage qu'elle devait jouer, maintenant habituée par ce fait, cela dit, la souffrance la réveilla. Elle prit ses deux jambes à son cou et sortit. Il lui fallait trouver une salle de bain, une infirmerie, ou quelque chose.