Cher cahier rouge... sang.

Sang oui, tu es taché de sang.
De ce sang qui coule sur mes mains, barbouille mon visage, goute de mes vêtements et colle mes cheveux...
Sang innocent.
Sang de cette fille qui n'aurait jamais du mourir.
Que j'ai poignardé.
Que j'ai tué.


Je me déteste.
Je me hais.
Non... Il faut que j'oublie.
Que j'avance.

J'ai tué une innocente.
Je l'ai tué...
Elle est morte.
Corps sans vie, gisant livide et glacée comme cet neige blanche sur laquelle il repose.
Et je ne peux rien faire...
Je ne peux rien changer.
Alors, j'avance, je chancelle, m'aidant parfois d'un arbre afin de ne pas tomber.
Garder la tête haute.
Les yeux ouverts.
Et avancer, avancer encore un peu plus.
Avancer pour oublier.
Avancer.

Et puis finalement, s'arrêter, à bout de force, genoux dans la neige.
Essoufflée.
Cœur battant si fort dans ma poitrine.
Alors que le sien est figé.
Mon souffle, produisant de la fumée.
Alors que plus rien de sort de ses lèvres.
J'ai déjà tué, des centaines, des millions de fois.
J'ai tué des coupables, des crapules qui ne méritait rien de plus.
Et j'ai aimé ça.
Alors pourquoi ?
Pourquoi cette fois-ci, est elle si différente ?
Je ne sais pas, je ne comprends pas.
J'ai détruit cette vie.
Et je me suis brisée, moi aussi.
Avancer, pour me réparer.

Je pensais être morte, il y a longtemps.
Morte, tuée un peu plus à chaque coups fatals que je portais.
Jusqu'à devenir indiférente face à ces meurtres.
Et tuer, pour me sentir vivante.
Alors que je ne faisais rien de plus que me tuer moi même.
Je pensais être devenue forte, plus aussi naive et fragile qu'autrefois.
Mais je me trompais.
Avancer, il le faut.

Je ne suis rien de plus qu'une cruelle poupée, tueuse entre les mains de l'hiver.
Silencieuse, enlacée par l'été
Menteuse quand vint l'automne
Enfantine lors du primtemps.
À la merci des saisons comme un cadavre à la merci des vers.
Je me décompose.

Je peux avancer, mais pas me dérober
Je suis Arianne.
Je suis la mort.
J'avance mais je ne peux rien changer.